Déclaration du Network for Empowered Aid Response (NEAR): COVID-19
01 Apr 2020
Le coronavirus COVID-19, qui a été identifié pour la première fois en Chine fin 2019, affecte désormais 203 pays et territoires à travers le monde générant ainsi pour la première fois en près d’un siècle une crise humanitaire complexe touchant presque tous les pays de la planète . Bien que la pandémie ait commencé à se propager relativement lentement dans les pays du Sud, nous savons que nous pouvons être les plus gravement touchés par le COVID-19.
En dépit des défis importants, les ONG locales et des groupes informels de citoyens prennent déjà des mesures et soutiennent leurs communautés, malgré les risques et dans de nombreux pays, malgré le blocage du gouvernement. Nous mettons aussi en œuvre des
interventions pour contenir la propagation du virus et atténuer son impact sur la santé ainsi que ses autres effets directs. En tant qu’ONG locales et nationales, dans les pays bénéficiaires de l’aide, nous avons la capacité et la volonté de faire beaucoup plus pour communiquer des informations sur les risques cruciaux auxquels font face nos communautés, lutter contre la désinformation, soutenir nos systèmes de santé nationaux, améliorer les conditions d’hygiène, promouvoir la solidarité, protéger les plus vulnérables, tout en abordant l’impact psychologique, social et économique de la pandémie du COVID19.
Nous reconnaissons que les institutions internationales ont commencé à se mobiliser: l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a lancé un appel mondial, les Nations Unies (ONU) ont publié leur Plan Mondial de Réponse Humanitaire – COVID-19 et la Banque Mondiale et la Société Financière Internationale (SFI) ont publié un ensemble de mesures significatives. Ces fonds sont essentiels et attendus. Nous réitérons ceci dit, et régulièrement, qu’en tant qu’ONG locales et nationales de Sud, nous sommes les mieux placés pour répondre à l’urgence de ces vulnérabilités spécifiques. Nous connaissons les besoins spécifiques des différents groupes d’âge de nos communautés , les plus vulnérables à la pandémie et ceux qui risquent d’être davantage exposés à la violence à l’égard des femmes. En tant que société civile locale et groupes communautaires, nous sommes prêts à assumer le leadership dans la conception et la mise en œuvre d’une réponse nationale, en coopération avec d’autres acteurs locaux, dirigée par le gouvernement. Nous insistons pour que cette réponse soit conduite par le pays, étant donné le besoin critique de complémentarité et de synergies avec d’autres services et régimes de protection sociale existants en raison de la nature de cette crise spécifique.
Au cours des dernières semaines, nous avons consulté nos membres et affiliés , qui représentent des organisations dans plus de 41 pays, pour identifier les principaux domaines de soutien à prendre en considération, à engager et dans lesquels agir afin d’atténuer l’impact du COVID-19 sur les populations vulnérables du Sud. Nous adressons ces domaines clés de soutien au nom de nos membres et partenaires à la communauté internationale et aux donateurs.
Mesures préventives : À l’heure actuelle, les acteurs du Sud, y compris les gouvernements, le secteur privé et les membres de la société civile œuvrent sans relâche pour éviter la désinformation, promouvoir la solidarité, et fournir des informations précises et contextuelles sur virus nouveau et sa rapide propagation. Les ONG locales et nationales du Sud notent que les messages et les mesures utilisées ailleurs dans le monde sont difficiles à mettre en place dans les milieux urbains dense dans le pays du Sud. Qu’ils s’agissent des établissements informels, des favelas, des environnements surpeuplés, ou de personnes déplacées et les camps de réfugiés, où la surpopulation est la norme et accès à l’eau et à une bonne hygiène font déjà cruellement défaut, les messages relatifs à la distanciation sociale et au lavage fréquent et adapté des mains sont tout simplement hors de propos ou inappropriés. Dans plusieurs contextes, la construction culturelle et sociale conduit souvent à des réunions familiales et à la cohabitation – et la manière d’aborder cela d’une voix audible dans les pays du Sud reste un défi.
Les ONG locales et nationales sont au premier plan au sein de leurs communautés, fournissant déjà des informations et un soutien critique à leurs communautés, aux infrastructures nationales existantes. Il est essentiel que leur rôle soit reconnu, soutenu, et facilité, pour permettre une croissance de ces opérations à l’échelle du pays. Nous demandons que ces premières actions soient mises en œuvre afin de pouvoir
poursuivre ces mesures préventives :
- Utilisation et collaboration immédiate des organes de coordination existants (gouvernement, systèmes de cluster des Nations Unies, organes de coordination nationaux / locaux, etc.) pour garantir que des informations de qualité, vérifiées et contextualisées soient diffusées à grande échelle pour la consommation publique. Cela comprend un soutien et une utilisation accrus des mécanismes / points de diffusion locaux.
- Améliorer les structures de santé existantes ainsi que celles dans les communautés pour soutenir les tests et l’identification du virus en temps opportun et à grande échelle. Le soutien devrait être concentré sur les communautés très denses avec la création de zones de quarantaine spécifiées et des tests généralisés.
- L’augmentation du soutien aux programmes WASH, y compris l’accès aux installations sanitaires de base et encourager un solide système de référence des ONG à l’infrastructure médicale.
Soutien aux moyens d’existence des populations vulnérables : au cours du dernier trimestre, l’impact économique précoce du COVID-19 sur les pays les plus développés et les économies sophistiquées a été immense. Les membres de NEAR soutiennent les populations les plus vulnérables du monde, qui ne sont pas en mesure de planifier le prochain repas, sans parler des jours ou des semaines à venir. La société civile locale du Sud a déjà commencé à fournir de la nourriture et des kits d’hygiène. Certaines organisations ont également commencé à organiser des transferts de fonds directs pour réduire l’impact économique de cette pandémie.
Nous prévoyons un impact exponentiel sur nos économies, avec le prix des produits de base qui montent déjà en flèche, les acteurs du Sud (y compris les gouvernements) ne sont pas, étant déjà touchés par de nombreuses crises humanitaires, en mesure de soutenir une compensation généralisée aux populations vulnérables en termes de nourriture, d’hygiène et besoins de base.
- Nous demandons que la communauté mondiale donne la priorité aux moyens de subsistance des communautés les plus vulnérables, car l’inflation des prix de base, le manque de moyens pour générer des revenus et, finalement, la propagation d’économies effondrées continuent de devenir un précurseur de la crise sanitaire dans de nombreux pays dans le Sud.
- Nous appelons les donateurs à donner la priorité dans le financement futur, à la fois humanitaire et de développement, pour aider les communautés à répondre au COVID-19. À court terme, nous exhortons tous les bailleurs de fonds, traditionnels et philanthropiques à cibler non seulement la santé et le soutien WASH,d’une nécessité cruciale, mais aussi les moyens de subsistance en tant que réponse et mesure préventive, car nous ignorons tous l’ampleur et la longévité du COVID-19.
Financement des ONG locales et nationales : Elles sont à l’avant-garde du travail de prévention et ont déjà commencé à agir. Plusieurs appels à l’action, des lignes directrices et des plans d’intervention, y compris le récent Plan mondial humanitaire des Nations Unies COVID-19 précisément mettent en évidence le rôle de la société civile locale et nationale, aux côtés du secteur privé et des infrastructures gouvernementales. Il est primordial d’identifier les opportunités parmi les financements actuels tout en guidant la communauté internationale et les communautés de donateurs sur les modalités de financement pour les mois qui viennent.
Financement actuel (subventions actuelles et subventions récemment allouées) :
- En accord avec d’autres réseaux nationaux, régionaux et mondiaux, nous demandons de la flexibilité sur le financement actuel (y compris les lignes budgétaires directes et indirectes), les extensions de coûts des subventions directes et indirectes actuelles aux partenaires locaux, et une facilité des donateurs pour des demandes d’extensions sans frais pour les 6-8 prochains mois.
- Tout en luttant contre les graves répercussions du COVID-19, la plupart de nos contextes fragiles devront également réagir et se remettre des catastrophes annuelles telles que les ouragans et les moussons. Nous demandons la poursuite du financement pour couvrir ces facteurs de stress cycliques sur nos pays.
Financement futur :
- Les acteurs internationaux ayant quitté les pays bénéficiaires de l’aide en raison de la pandémie, un soutien accru et un partenariat avec les acteurs nationaux et locaux, que ce soient les gouvernements locaux et nationaux et / ou les ONG locales et nationales, assureront une action immédiate et continue en relation avec la crise du COVID-19. Les actions locales et nationales nécessaires pour sauver des vies, des communautés et des économies, doivent être rapidement renforcées. Cela ne peut se faire que grâce au rôle actif et au leadership des acteurs locaux et nationaux.
- Nous appelons les donateurs à verser de nouveaux financements aux différentes plateformes de réponses mondiales telles que le HRP mondial, tout en renforçant et non en remplaçant le financement humanitaire en cours pour les situations d’urgence pré-COVID-19. Étant donné que les personnes ciblées dans les opérations en cours seront les plus touchées par l’impact direct et indirect de la pandémie, il est essentiel de continuer à répondre aux besoins humanitaires préexistants tout en augmentant les fonds pour répondre aux vulnérabilités et aux besoins supplémentaires découlant du COVID-19.
- Depuis la création du Grand Bargain, un résultat positif a été la mise en place de plusieurs modalités de financement localisées. Nous demandons instamment à la communauté des donateurs d’aller au-delà des Fonds de Financement Commun pour les Pays (CBPF) du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), qui actuellement couvrent seulement 18 pays ; et de travailler avec les fondations communautaires déjà existantes, des fonds nationaux et fonds mondiaux comme le Fonds mondial pour les fondations communautaires, Start Fund, le Fonds mondial pour les femmes, et le Fonds mondial pour les enfants (pour n’en citer que quelques-uns), qui sont déjà structurés pour gérer à la fois des petites et grandes subventions à destination des ONG locales et nationales.
- Soutenir les mécanismes nationaux permettant la sous-subvention, avec un partage efficace des risques et des principes de partenariat en place, afin que les ONG locales et nationales aient accès au financement.
- La coordination des efforts liés au COVID-19 peut facilement être intégrée dans les mécanismes nationaux de coordination existants dans le pays sous la direction des acteurs locaux. NEAR appelle les donateurs à canaliser également des fonds pour renforcer les mécanismes de coordination existants au lieu d’établir des systèmes de coordination parallèles dans les pays, spécifiques au COVID-19.
La situation actuelle est extrêmement fluide et, par conséquent, les recommandations et les demandes exprimées ici, développées par les acteurs de Global South en mars 2020, continueront d’évoluer avec la pandémie.
Le Network for Empowered Aid Response (NEAR) est un réseau Global South d’ONG locales et nationales, présent dans tout le Sud. Nous plaidons pour un monde où les communautés locales ont la capacité, les ressources et l’agence pour relever les défis qui les affectent. En tant que réseau, nous travaillons à restructurer la réponse mondiale aux défis humains, économiques et environnementaux afin que les actions pour y faire face soient impulsées et détenues localement, et favorisons des partenariats équitables, dignes et responsables. Pour toute question ou commentaire, veuillez nous contacter à advocacy@near.ngo.